Le Sahel, nouveau terrain de jeu du terrorisme instrumentalisé
Autrefois épargnée des affres de l’ extrémisme et des tueries de masse, la région du Sahel a pris le relais sur les autres parties du monde où pendant longtemps la violence gratuite a sévi sans discrimination.
S’ il faut s’en tenir au rapport de l’ Indice mondial du terrorisme (GTI) et l’ Institut pour l’économie et la paix (IEP), le Burkina Faso serait le deuxième pays le plus touché au monde après l’ Afghanistan. Ce rapport note qu’en 2022, le pays a enregistré 310 attaques terroristes, causant 8564 victimes, une hausse impressionnante par rapport aux 224 incidents recensés en 2021. « Ce pays a connu plus de décès dus à des attaques terroristes que l’ Asie du sud, le Moyen-Orient et l’ Afrique du nord réunis », poursuit le rapport.
Pourquoi en quelques années le Sahel est-il devenu le nouvel l’ épicentre du terrorisme mondial ? Répondre à cette question signifierait un début de compréhension des enjeux auxquels sont confrontés cette région. D’emblée, on peut tout de même croire que la situation actuelle au Sahel est née de la volonté délibérée de certaines puissances de la voir perdurer au profit de leurs intérêts immédiats. Ce « laxisme » va favoriser la montée en puissance des groupes armés au détriment de l’ Etat, notamment du pouvoir central. Aussi, bien que la réponse au terrorisme ne soit pas que militaire, il faut reconnaître que dans le cas du Sahel, cette réponse était plus appropriée d’autant qu’ en tant qu’acteurs de violence, les terroristes ne comprennent que le langage des armes. C’est dire que sans l’implication des forces russes au Mali, plusieurs pans du territoire de ce pays serait encore aujourd’hui aux mains des groupes terroristes. C’est justement cet appui russe qui permet la reconquête progressive du pays après le retrait des français. Ceci était quasiment impossible il y a peu de temps parce que non seulement l’ armée nationale ne disposait pas de matériel de guerre conséquent pour combattre les Djihadistes mais qu’une partie du pays, notamment le nord lui était interdite « sur ordre de la France ». Ce qui conforte la thèse selon laquelle la puissance coloniale ne travaillait que pour ses propres besoins dans cette zone de l’ Afrique.
A qui profite l’ état actuel du Sahel ?
Pour plusieurs analystes avisés de la question du Sahel, les seuls moyens de subsistance des groupes terroristes, à savoir les razzias, les trafics de tout genre, les enlèvements contre rançons, etc. ne peuvent pas suffirent à tenir aussi longtemps la dragée haute aux Etats et à fortiori maintenir à flot l’ idéologie de destruction que les terroristes défendent. Aussi, livrer une guerre contre un Etat qui dispose de moyens conséquents suppose qu’on détient soi-même des moyens semblables. Ce qui n’ est pas le cas de ces groupes d’ assassins qui ont pourtant le contrôle sur de vastes étendues de terre. « Nul doute que les terroristes bénéficient de soutiens aussi bien internes qu’externes, vraisemblablement auprès de ceux qui ont intérêt à voir toute la bande Sahelo-sahelienne dans son état de déconfiture actuel », pointe Youssef Ibrahima, un acteur de la société civile nigérienne rencontré ici à Lomé qui déplore cette forme d’instrumentalisation de la guerre au Sahel. Pour étayer ses propos, il cite l’ entrée en scène récente de l’ Ukraine dans le conflit malien. « Cela signifie que désormais le Sahel tout entier se retrouve en ligne de mire des enjeux mondiaux qui le dépasse », note-t-il.
La Rédaction