Insécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région ouest-africaine et au Sahel : une situation préoccupante pour les Etats

Tenue du 10 au 12 avril 2025 à Lomé au Togo, la réunion du dispositif régional de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires (PREGEC) au Sahel et en Afrique de l’ouest alerte sur la situation de l’ insécurité alimentaire et nutritionnelle dans dix pays de la région et révèle (sur la base des résultats consolidés de l’ analyse du Cadre Harmonisé du cycle de mars) que sur une population de près de 323,6 millions de personnes, 34,5 millions de personnes sont actuellement en insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë (Phase 3 ou pire) dans la région Sahel, Afrique de l’ouest et au Cameroun.
Selon la même source, la situation pourrait se dégrader, et si des mesures appropriées ne sont pas prises, ce chiffre atteindrait environ 49,4 millions entre juin et août 2025 dont plus de 30,6 millions au Nigéria, suivi du Tchad avec plus de 3,3 millions, le Cameroun avec plus de 2,6 millions, le Niger avec plus de 2,2 millions, du Mali avec plus de 1,5 million, du Sénégal avec plus de 1,3 million et la Sierra-Leone avec plus de 1,2 million.
Ainsi, à l’ issue de cette rencontre de Lomé, il ressort que les résultats définitifs de la campagne agricole 2024-2025 se sont soldés par une production céréalière de 76, 2 millions de tonnes, soit une baisse de 3,4% par rapport aux résultats prévisionnels de décembre. Concernant les racines et tubercules, la production régionale s’élève à 271 millions de tonnes, soit une augmentation de 4,1% par rapport à l’ année dernière et de 10% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Toutefois, rappelle le PREGEC, elle s’ avère légèrement inférieure aux prévisions initiales. Excepté le noix de cajou et le soja qui ont connu des baisses de l’ ordre de 10% par rapport à l’ année dernière, les productions des cultures de rente sont en hausse. Par contre, le bilan céréalier révisé de la région fait ressortir un déficit brut de 16 millions de tonnes, supérieur aux 12 millions initialement prévus. S’ agissant de la situation pastorale au 31 mars, la disponibilité en pâturage au Sahel reste insuffisante malgré les bonnes productions fourragères enregistrées en fin de campagne, avec un déficit saisonnier notable de biomasse fourragère dans les régions de Niamey et Dosso (Niger), Tombouctou, Gao et Ménaka (Mali), le nord-est du Burkina Faso et l’ est du Tchad
Dans l’ ensemble, le fonctionnement des marchés agricoles est satisfaisant, sauf dans les zones affectées par l’ insécurité civile où les approvisionnements sont relativement plus faibles et les demandes des ménages plus fortes que d’ habitude. Tout de même, on remarque que les prix des principales céréalières de base sont toujours en hausse dans la majorité des pays de la région ouest-africaine de l’ ordre de 10 à plus de 100% par rapport à la moyenne des 5 dernières années : ces hausses sont encore plus accentuées au Ghana (100%) , en Sierra-Leone (62%), au Nigeria (+200%) et particulièrement dans les zones d’ insécurité civile où les approvisionnements sont plus difficiles. Il faut noter que les inflations dues aux difficultés économiques au Ghana, au Nigéria, en Sierra-Leone et en Gambie restent l’ un des facteurs importants sous-jacents. A cela s’ajoute la hausse des prix du carburant au Nigéria, du coût du transport et les restrictions diverses prises par plusieurs pays pour réduire les flux transfrontaliers des produits agropastoraux. On note également la hausse des prix des animaux sur les marchés à bétail par rapport à la moyenne ces 5 dernières années.
La Rédaction