Diplomatie / Focus sur la stratégie du Togo pour le Sahel

L’ état asymétrique de la guerre larvaire livrée par le terrorisme international dans la région du Sahel signifie de plus en plus qu’aucun Etat n’est plus à l’abri de sa convoitise et que l’heure est à la coopération, à la mutualisation des énergies et des ressources endogènes dans la lutte contre ce fléau dévastateur. Car, « nul ne viendra nous délivrer du terrorisme » et si le Sahel tombe définitivement dans l’escarcelle du terrorisme instrumentalisé, toute la région ouest-africaine basculera dans le chaos.

Convaincu de l’enjeu existentiel de cette lutte et soucieux plus que jamais de contenir l’expansion du terrorisme dans la région, le Togo a mis en place sa stratégie pour le Sahel qui vise à intensifier sa présence et son implication dans cette zone. Alors que la vision de cette stratégie repose avant tout sur le multilatéralisme, le travail à la préservation de la paix et de la stabilité des pays du Sahel, les valeurs fondatrices qui la sous-tendent sont le patriotisme régional et le panafricanisme, la solidarité, la paix, l’ action, l’ engagement, le sens de responsabilité et de communauté de destins.

Articulée en 4 principaux axes interdépendants, cette stratégie principalement basée sur le modèle de la paix positive vient en appui à la paix armée.

Axe 1: La coopération régionale et interrégionale au service de la paix et de la stabilité. Membre du Conseil de l’Entente, de l’UEMOA et de la CEDEAO, le Togo reste solidaire des diverses initiatives de riposte prises au niveau communautaire et est disposé à mutualiser les énergies et les moyens dans la lutte contre le terrorisme. A cet effet, il entend de même soutenir toute initiative collective allant dans le sens de la promotion de la paix et de la stabilité régionale et interrégionale.

Axe 2 : L’exportation de la vision togolaise de la paix : la paix positive

Exporter le modèle de la paix positive dans la région du Sahel répond à l’impératif de promouvoir dans le cadre d’une diplomatie préventive et proactive, en complément de la paix armée, les mécanismes et moyens non violents d’édification et de construction de la paix. Il s’agit pour le Togo d’explorer les voies positives de la paix en se référant aux ressources sociétales et intelligences humaines pour la construction d’un monde plus sûr.

Axe 3 : Le soutien aux processus de normalisation politique, de transition démocratique et efforts de réconciliation par la médiation

Le Togo soutient et accompagne les efforts de normalisation politique, de transition démocratique et de réconciliation nationale dans les pays du Sahel. La coopération pour la paix, la médiation, la culture de l’entente et de la mutuelle compréhension, la création des conditions et d’un espace de dialogue sont inscrites au centre des préoccupations de la diplomatie togolaise au Sahel : il est question d’accompagner politiquement et diplomatiquement les pays sahéliens en transition démocratique dans la réparation de leur contrat social et la quête de la réconciliation.

Axe 4 : Appuyer une gouvernance responsable pour plus d’inclusion sociale et politique dans les Etats de la région du Sahel

L’ engagement contre l’hydre terroriste en Afrique occidentale et au Sahel s’allie au défi d’amélioration constante de la gouvernance politique des Etats et des mécanismes d’intégration socioéconomique. Supporteur des efforts d’amélioration de la gouvernance politique au Sahel, le Togo appuie les plaidoyers des pays du Sahel pour le maximum de financement du développement auprès des partenaires de la région. Aussi, l’implication du Togo au Sahel est-elle en phase avec le grand procès africain d’auto-responsabilisation, de prise en charge de soi et d’exercice endogène des responsabilités propres à l’Afrique. « Il faut rompre avec la logique de la dépendance irresponsabilisante et travailler résolument à la consolidation des résiliences et des mécanismes africains de défense et de sécurité collective », indique le même axe qui penche que le continent et ses régions ne peuvent pas, sur le plan sécuritaire et de préservation de la stabilité, continuer de dépendre systématiquement des alliés extérieurs d’autant que « le véritable appui est celui qui permet au bénéficiaire du soutien de sortir de son état de dépendance pour assumer ses responsabilités propres ».

Ce postulat explique donc à suffisance pourquoi le Togo mise avant tout sur l’implication des forces endogènes dans le règlement de la crise sécuritaire dans le Sahel : compter sur son propre potentiel est mieux que celui incertain d’autrui qui peut faire défaut au dernier moment et quand on s’y attend le moins.

La Rédaction