Togo : il y a 62 ans l’ armée faisait son entrée sur la scène politique

Togo : il y a 62 ans l’ armée faisait son entrée sur la scène politique

Expliquer aujourd’hui, même de manière exhaustive les raisons de l’ irruption de l’ armée togolaise sur la scène politique il y a de celà 62 ans ne serait que prétention : car, une grille de lecture, même la mieux documentée et la plus véridique ne saurait entièrement élucider cette question. Cet article n’ est donc qu’une lucarne ouverte sur le passé, mieux, un retour historique qui nous permet de revisiter l’ évènement qui a précipité l’ armée au-devant de la scène politique, à savoir le 13 janvier 1963.

Le 13 janvier 1963, le régime Olympio tomba après l’ assassinat de son géniteur, le père de l’ indépendance du Togo, Sylvanus Olympio. Bien que la France a toujours été soupçonnée de connivence avec les auteurs du coup d’ Etat, voire d’ en être l’ instigatrice (d’ autant que le président assassiné ramait contre les intérêts français au Togo), ceux-ci n’étaient autres que des militaires togolais du nord et du sud du pays démobilisés de la légion coloniale dont les vœux de réinsertion dans l’ armée togolaise ont été rejetés par Sylvanus Olympio. De ce fait, la plupart d’entre eux se verront traiter par le régime nationaliste comme de vulgaires mercenaires à la solde de Paris. Suscitant davantage de rancoeur et de tensions entre ces derniers et les tenants du pouvoir en place.

Le manque de « pragmatisme politique », talon d’ Achille du régime Olympio

Beaucoup d’ auteurs qui ont écrit sur le régime Olympio et le 13 janvier 1963 sont unanimes pour dire qu’en sus bien sûr d’autres facteurs, le manque de « pragmatisme politique » des premiers responsables a servi au renversement du régime. En effet, à la veille du 13 janvier 1963, le parti nationaliste Comité de l’ Unité Togolaise (CUT) de Sylvanus Olympio ne prenait plus langue avec les autres partis de son propre bord politique après bien sûr la mise sous éteignoir entre temps du principal parti d’opposition PTP (Parti Togolais du Progrès) dont les principaux cadres ne devront leur salut qu’à la fuite. D’ ailleurs, tous les leaders nationalistes qui l’ on aider à accéder au pouvoir seront jetés en prison « sur ordre du président » ; aux bords de l’ implosion, le pays était laissé aux mains des milices nationalistes communément appelées « Ablodé Sodja », littéralement « soldats de l’ indépendance » en langue Ewé.

Sous leur coupe, la terreur sera érigée en règle. Des documents d’archives attestent des actes posés par les « Ablodé Sodja » contre tous ceux qui n’étaient pas d’ accord avec le CUT sur sa manière de gouverner le pays. De même, il semble que la conception absolutiste du pouvoir de Sylvanus Olympio soit aussi une cause de frustration pour les populations qui regrettaient les mesures régaliennes prises par ce dernier dès son accession à la magistrature suprême. L’ auteur Comi Toulabor, dans son brûlot contre le régime Eyadema, « Le Togo sous Eyadema », dénonce tout de même les dérives du régime Olympio qui tôt met fin au régime parlementaire issu de la constitution du 23 avril 1960. « La nouvelle constitution du 09 avril 1961 s’ inspire de la conception très présidentialiste du pouvoir de Sylvanus Olympio et institue un président élu pour 7 ans tout aussi fort que celui des USA, un parlement aussi faible que celui de la V ème République française », note-t-il.

A tout ceci, s’ ajoute sa propension à arrêter à tout bout de champs ses opposants sous de prétextes fallacieux comme nous l’avions évoqué plus haut. Ce qui fit qu’après le coup d’ Etat, bon nombre de ses derniers rejoignit ( par dépit ? ) la cause des militaires pour bâtir ensemble « l’ unité nationale », d’ autant qu’ils devaient leur liberté grâce à l’ intervention de l’ armée.

Ainsi, réputé être le régime qui devait conduire les togolais vers le « Shangri-La », le régime Olympio s’ effondra seulement après 5 ans d’ exercice de pouvoir (1958 à 1963) dans un anonymat total parce que devenu impopulaire du fait de ses premiers dirigeants.

Piètre politicien parce qu’il n’a pas pû faire l’ unanimité autour de la question de l’ unité nationale ( selon ses détracteurs, il était un peu tribaliste sur les bords) en acceptant de faire la paix avec les togolais qui ne pensaient pas comme lui, il faut tout de même inscrire au crédit de Sylvanus Olympio qu’il fut un grand gestionnaire qui fit de la bonne gouvernance son cheval de bataille, en ce sens que sous son magistère, et ceci jusqu’à la fin, l’ économie nationale se portait bien et n’ a jamais été déficitaire. Ceci, en dépit de la politique d’ austérité qui prévalait alors et qui d’ ailleurs le desservi aux yeux des populations au regard de son incidence sur leur pouvoir d’achat.

La Rédaction

Innovafrica

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