A la découverte des méandres d’un Bureau d’enquête contre le crime organisé
Crée par le gouvernement des Etats d’Amérique pour pallier l’insuffisance des agences de détectives privés, les compétences du Federal Bureau of Investigation (FBI) s’étendront dès l’amont à tout pays. Retour sur les fondements de l’institution et de son engagement contre la criminalité dès sa création.
Le 26 juillet 1908, le décret de création du FBI fut voté par le congrès (parlement) américain avec cette réserve que ce dernier devrait respecter la législation libérale des USA. Ce bureau d’enquête spécialisé dépendra du ministère de la justice et aura pour vocation à intervenir dans les crimes dits ‘’fédéraux’’. En vérité, la création du FBI répondait au départ à plusieurs questions dont nous ne citerons ici que quelques-unes : taux de délinquance élevé, manque de coordination entre les Polices des Etats qui, il faut le souligner ici étaient généralement corrompus, développement intempestif des trusts industriels au mépris des lois, affaiblissement des Etats par la concussion, incapacité de ces derniers de protéger la propriété publique, etc.
L’histoire du FB est étroitement liée au développement des lois fédérales qui furent petit à, petit votées par le congrès américain.
Le domaine de compétence du FBI va progressivement s’élargir : la traite humaine, notamment des blanches, la contrebande de l’alcool, le trafic de drogue, l’application des lois antitrust et bien d’autres choses qui étaient du seul ressort des justices locales, y figurent incluses.
Il semble que la mise en place de cette institution compliquée, à la fois centrale policière et service de contre-espionnage, ne se fit pas sans difficultés. D’autant qu’elle contrariait ainsi bien le crime organisé que des trusts peu respectueux des lois. La plus grande difficulté fut donc de trouver des hommes intègres et efficaces, susceptibles de rester indifférent aussi bien aux pressions politiques qu’aux propositions alléchantes qui pourraient surgir à tout moment. A ce propos, il semble que le FBI ait eu des agents connus pour leur intégrité morale. Pour mémoire, nous pouvons citer ici le fameux inspecteur Eliott Ness, un véritable héros populaire auquel on attribua le surnom devenu légendaire ‘’d’incorruptible’’. Historiquement, il reste l’archétype du bon policier.
L’inexistence des Lois communes, talon d’Achille de la lutte contre la criminalité aux USA
Toutes les sources historiques sont unanimes pour dire que jusqu’aux années 30, ces lois étaient rares. Leur insuffisance rendait très difficile la poursuite des grands criminels. Chaque Etat, jaloux de son indépendance avait en effet sa propre législation, sa propre police, et il suffisait aux criminels en cavale de franchir une frontière pour échapper à leurs poursuivants et se soustraire à la justice. Si l’on considère par ailleurs la corruption quasi générale des policiers locaux, on comprend que, pendant la période de l’entre-deux-guerres, les organisations criminelles aient eu la partie belle pour se constituer de véritables empires. Cependant, il faut dire que c’est à partir de 1932 qu’une série de lois très importantes fut votée par le congrès. Ces lois transformaient désormais en ‘’crimes fédéraux’’ différents délits relevant jusqu’ici de la seule juridiction des Etats et permettaient aux hommes du FBI (les G. Men) d’intervenir sur tout le territoire des Etats Unis comme procéder à des arrestations sans avoir à demander l’autorisation des juges et policiers locaux. Etaient particulièrement concernés par ces mesures de Kidnapping avec demande de rançon, qui avait pris des proportions alarmantes ; le racket, qui pouvait faire l’objet d’une enquête sur simple dénonciation ; le passage d’un Etat voisin à un autre à bord d’un véhicule volé ; la fuite dans un Etat voisin pour échapper au devoir de témoigner dans un procès. De même, le FBI était directement chargé de la protection des organismes fédéraux tels que les banques, les perceptions, etc. et ses hommes étaient autorisés à porter permanemment des armes.
Des mesures qui portèrent des fruits
Comme nous l’avons souligné quelques lignes plus hauts, l’un des fléaux auxquelles le FBI eut à faire face fut le kidnapping, c’est-à-dire l’enlèvement. Malgré l’extension de la peine de mort à ce crime, le nombre des enlèvements avec demande de rançon progressa d’une manière terrifiante durant l’entre- deux- guerres. La découverte du cadavre du petit Charles Lindbergh (fils du célèbre aviateur), enlevé à son domicile le 1er mars 1932, provoqua une profonde colère dans l’opinion américaine. Ce qui fit que le congrès vota une loi appelée Lindbergh Kidnapping Law, une loi fédérale qui permettra de condamner à mort pour tout enlèvement entrainant le passage d’un Etat à un autre. L’arrestation donc du meurtrier de l’enfant de Charles Lindbergh en cette même année 1932, l’exécution, le 22 juillet 1934, de l’ennemi public John Dillinger furent à vrai dire les premiers succès retentissants du FBI. Fort des nouveaux moyens mis à sa disposition et du soutien de l’opinion publique, l’organisation fédérale put s’attaquer efficacement aux grandes structures criminelles qui émaillaient le territoire américain. En quelques années, les gangs les plus importants du syndicat du crime furent démantelés. Les uns après les autres, les chefs de la pègre américaine furent arrêtés et passés à la chaise électrique avec plusieurs complices. AI Capone se retrouva en prison grâce à la persévérance d’Eliott Ness, qui parvint à le faire condamner pour une banale histoire de fraude fiscale. Lucky Luciano fut contraint de quitter le territoire des Etats Unis. On en finirait pas d’énumérer les succès du FBI, tant sa lutte contre le crime organisé que dans les activités de contre- espionnage qu’il développa surtout après la seconde guerre mondiale. Cependant, pour arriver en quelques années à ce résultat que nous venons d’énumérer, il a fallu le génie et la sagacité d’un homme hors pair. C’est pourquoi nous nous permettons cette assertion : historiquement, le FBI reste redevable à Edgar Hoover.
Edgar Hoover, père du FBI
Personnage devenu légendaire, Hoover s’identifia totalement au FBI, dont grâce à un travail surhumain, il fit une des centrales criminelles les plus performantes du monde. Homme intègre, d’un puritanisme tout américain, il mena une lutte acharnée afin que l’organisme dont il avait la charge fût doté de moyens tant matériels que juridiques, propres à rendre son action efficace. Pour y parvenir, son principal souci fut d’obtenir l’extension des lois fédérales à toutes les infractions majeures. En 1922, âgé de 26 ans et remarqué pour son efficacité, il fut nommé adjoint du directeur avec pour mission de réorganiser les services de la centrale en la débarrassant de ses élément corrompus et de nombreux incapables qui ne devaient leur situation qu’à leurs seuls appuis politiques. Il s’acquitta si bien de cette tâche que, deux ans plus tard, le 10 décembre 1924, il se vit confier le poste de directeur qu’il devrait occuper jusqu’à sa mort, survenue le 2 mai 1972 à l’âge de 77 ans. 48 ans après sa mort, l’institution fédérale se porte toujours comme un charme, bien que des scandales aient émaillés et continuent d’émailler son existence.
Sitsopé Messan