Retrait des pays de l’ AES de la CEDEAO : une décision lourde de conséquences pour les populations du Sahel
Les dirigeants des pays regroupant l’Alliance des Etats du Sahel (AES), notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé leur retrait (avec effet immédiat) de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’ Afrique de l’ouest). S’ achemine t-on ainsi vers une rupture définitive du pacte social qui liait jusqu’ici les populations de ces pays avec celles des autres Etats de la sous-région ou assiste t-on seulement à une « montée aux enchères » pour acculé et confondre indéfiniment une institution régionale en mal de repère et de plus en plus abonné à la politique de deux poids deux mesures ?
Quoi qu’il en soit, après l’euphorie qu’elle a soulevé, cette décision qui est tout de même un désaveu pour les capacités de la CEDEAO de mener à bien le dialogue en son sein, risque d’impacter le vécu quotidien des citoyens de ces trois pays même si on est tenté de dire que la « véritable indépendance » de ces pays passe par ces contraintes d’ordre domestique et donc qu’advienne que pourra.
En effet si nous considérons seulement l’ impact social de cette décision, elle va interrompre les programmes de santé régionaux liant la CEDEAO avec ces pays. Ce qui va créer des difficultés d’accès aux médicaments et équipements médicaux pour les populations. Dans la même veine, les coûts des soins de santé risquent d’augmenter alors que les pays du Sahel ne pourrons plus bénéficier de fonds de développement régionaux. Lorsqu’ on prend un autre secteur aussi névralgique que celui du transport, les échanges transfrontaliers risquent d’être compromis et devront subir les contrecoup de cette décision, tels les avantages qu’octroie le Tarif extérieur commun (TEC), un instrument qui garantit une union douanière nécessaire pour faciliter le commerce dans la région ouest-africaine. Il faut donc s’attendre aussi à des restrictions de voyage entre les pays voisins et à des coûts de transport accrus pour les marchandises en destination des pays de l’ Alliance. Le volet juridique de cette décision est également souligné par le statut dont jouit désormais les citoyens de l’ AES établis dans les pays membres de la CEDEAO qui jusque-là pouvaient circulé librement avec leurs biens dans l’espace communautaire.
Bien que pour le moment la Commission de la CEDEAO a déclaré prendre acte de cette décision tout en réitérant sa disponibilité à travailler là dessus, nul doute que les jours prochains risquent d’être houleux dans le règlement de cette question qui met en lumière le désir des trois pays de se défaire de cette appartenance communautaire qui n’est plus de leur avantage et dont ils ne se sentent plus des obligés.
La Rédaction